90. Ceux qui se fichent de faire des fautes d’orthographe se trompent lourdement.

août 22, 2017 | Pub imprimé et rédaction |

Écrit pour Bien-ecrire  par Sophie

Tout comme moi, il ne vous a pas échappé que dans notre société,  l’orthographe est à ce point sacralisée que toute faute cloue au pilori celui l’a faite. Même si « l’orthographe ne fait pas le génie » (citation de Stendhal). Le fait est  que dans le milieu professionnel, certaines fautes d’orthographe sont susceptibles de fortement mettre en cause  la crédibilité de leur auteur.

Pour des raisons d’abord historiques et culturelles puis économiques dans un marché de l’emploi difficile d’accès, l’orthographe est un véritable marqueur de compétences… ou d’absence de compétences. Ce propos pourra vous sembler excessif. En réalité, il ne reflète qu’une «réalité de marché».

C’est pourquoi, ceux qui se fichent de faire des fautes d’orthographe se trompent lourdement. D’ailleurs, on ne compte plus les enquêtes ou reportages qui démontrent qu’un CV avec des fautes d’orthographe n’a aucune chance d’être retenu. Cela dit, les fautes d’orthographes sont partout.
Regardez ces quelques exemples,  pris au hasard des courriers que j’ai reçus ou encore des sites que j’ai consultés.

(vous pouvez voire ces exemples en cliquant ici)

  • Une faute d’orthographe syntaxique d’autant plus malvenue qu’il s’agit d’une copie d’écran d’un site de formation en ligne. Aie, aie la crédibilité…
  • Et encore un accord oublié du participe passé !
  • Et avec ou sans fautes d’orthographe ou d’orthotypographie les principes marketing solides ? Aie, Aie, la crédibilité de ce site professionnel.
  • Dommage pour le « à » ou lieu du « a » du verbe avoir. Un petit accent qui peut faire perdre beaucoup de crédibilité à un site qui promet de « guérir » des fautes d’orthographe.
  • Vous feriez confiance à un site de formation qui met ainsi en scène des fautes d’orthographe ?

Ces exemples montrent comment la baisse constante du niveau en orthographe des écoliers français, que le récente « dictée de 30 ans* » a confirmé en novembre dernier se répercute logiquement dans les mails et autres écrits professionnels quand ces écoliers devenus adultes arrivent sur le marché du travail…
 
La non-maîtrise de l’orthographe quand on est écolier laisse des traces quand on est devenu adultes.
Une erreur de calcul mais une faute d’orthographe
Que la surabondance de fautes d’orthographe dans les mails et autres écrits professionnels soit un phénomène connu ne signifie pas pour autant qu’il soit toléré. La réalité, c’est que le niveau d’exigence attendu en compétence orthographique ne faiblit absolument pas. Une bonne orthographe fait partie des comportements sociaux attendus.

D’ailleurs, avez-vous remarqué qu’on fait une erreur de calcul mais une faute d’orthographe ?
Une mauvaise orthographe pointe qu’il y a un manque. Au choix, on trouve le manque de :
    ▪    culture,
    ▪    valeur,
    ▪    rigueur,
    ▪    respect,
    ▪    politesse
    ▪    intelligence,
    ▪    capacité à communiquer,
    ▪    compétences,
    ▪    etc.
Vous trouvez que je noircis le tableau ?
Alors pourquoi, faire une faute d’orthographe, ça énerve, ça met mal à l’aise, ça a quelque chose de gênant, ça nous met dans une situation inconfortable. D’ailleurs, c’est cela* qu’exprime très bien cette internaute :
 
« Honte », c’est un mot très fort. Motivé par la crainte d’être jugée sur cette faute ?
 
Ceux qui se fichent éperdument de faire des fautes d’orthographe se trompent lourdement
Pourtant, longtemps, j’ai pensé (peut-être comme vous) que l’orthographe n’était finalement pas l’essentiel. Que l’important, c’était de bien faire son boulot,  d’être reconnu comme quelqu’un de compétent dans son métier. Mais après avoir étudié des rapports de recherche français et anglo-saxons, je peux vous assurer que ceux qui se fichent éperdument de faire des fautes, se trompent lourdement.

Une chercheure en sciences de gestion, Christelle Martin-Lacroux, a d’ailleurs écrit :

[…] À partir de notre orthographe, notre interlocuteur, notre lecteur va se faire une opinion de ce que nous sommes. En termes de traits de caractère, de personnalité, de motivation, de valeurs.

Que cette opinion corresponde au non à la réalité n’a pas vraiment d’importance : c’est trop tard. Notre interlocuteur se sera figé sur l’idée que : « Quand même, il (ou elle) fait beaucoup de fautes. Qu’est ce que ça cache ? ». Un peu comme si la faute d’orthographe était l’arbre qui cachait une forêt de défauts beaucoup plus graves.

Pas encore convaincu(e) de la force de l’orthographe ?
Alors lisez ces extraits d’une interview parue récemment sur le site du Figaro. (vous pouvez voire ces exemples en cliquant ici)

N.B. : Célia Rosentraub est directrice générale des éditions Hatier… Donc pas nécessairement objective compte-tenu des nombreux ouvrages sur l’orthographe vendus par cette maison. Cela dit, ses propos recoupent totalement les conclusions de nombreux chercheurs, notamment celles de Christelle Martin-Lacroux.

 Bref, il ne reste plus qu’à régulièrement réviser nos fondamentaux en grammaire… Ou à s’offrir un super correcteur orthographique (parce que celui de Word n’est pas fiable à 100 %, qu’on s’en convainc bien !).
 
    ▪    « La dictée de 30 ans », c’est cette même dictée proposée aux élèves en fin d’école primaire en 1987, 2007 et 2015. En 2015, ils font plus de fautes de  qu’il y a trente ans (source : Ministère de l’éducation).
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*Dans un premier jet, j’avais écris « ça » au lieu de cela. Un internaute m’a fait remarquer que la formule était incorrecte et qu’il fallait utiliser  « cela » avec comme référence le site des études littéraires. Merci à lui.
Publié dans Orthographe, Réflexions

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